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La force des mots. La Bibliothèque-Pierre-Marie Lecoeur

22 Octobre 2020 , Rédigé par François ROUX

La force des mots. La Bibliothèque-Pierre-Marie Lecoeur

Puis il revint à sa table, fasciné. Il avait entr’aperçu la puissance de l’écriture dont les mailles recueillent et rassemblent sans cesse toutes les forces diffuses de la vie humaine

Le Feu Follet-Pierre Drieu La Rochelle

La Bibliothèque

Paris Mars 2020

 

C’était un dîner de province comme il s’en organise entre notables d’un certain âge. Les convives avaient tous largement atteint la cinquantaine. Les hôtes recevaient dans une jolie demeure, du type de ce que l’on appelle une « maison d’architecte », construite il n’y a guère plus d’une dizaine d’années en bordure d’une petite ville de province entourée d’un joli parc. Grandes pièces aux lignes droites sur plusieurs niveaux, baies vitrées donnant sur un jardin savamment éclairé, tableaux et meubles modernes. La salle à manger ou eut leu le dîner était adjacente au salon au milieu duquel s’élevait une cheminée carrée sur un socle de briques dans laquelle pétillait un feu roulant.

Autour de l’âtre, les invités rassasiés goutaient d’excellents alcools. Un grand Cognac, un Calvados de prix ou une mirabelle aux saveurs étonnantes. Il y avait là trois couples. Les hôtes, d’élégants parisiens égarés à la campagne. Le notaire local rondouillard et bienveillant avec son épouse qui lui ressemblait. Un expert-comptable petit brun et sec et sa femme médecin résidant et exerçant dans une ville voisine. Et il y avait là aussi Romain, seul, car veuf depuis quelques années. On avait renoncé à lui trouver une compagne. Silencieux voir réservé et cultivé sont les qualificatifs qui le décrivent le mieux.

Les grands Bourgognes servis au cours du dîner et les alcools qu’aucun des invités n’avaient refusé embrumaient les esprits des convives. Après un silence un peu pesant, l’hôte tentait de relancer la conversation.

-Il paraît que la maison de La Richardière en bordure de la forêt domaniale de D est à vendre 

Sa question s’adressait au Notaire qui s’assoupissait au fond du canapé et que les mots « maison » et « vendre » tirèrent de sa léthargie.

-C’est exact, après le décès de M. N ses enfants qui ne viennent jamais dans la région ont décidé de vendre la propriété.

-Combien en veulent-ils ? Interroge l’expert-comptable qui avait songé à acheter cette maison de garde idéale pour le chasseur qu’il était ?

-Deux cent mille euros.

-Pas si cher pour une jolie maison en lisière de bois, bien agrandie et habilement aménagée par N. !

-Oui c’est vrai. Mais elle ne trouve pas preneur. Trop isolée peut être ?

-Oui mais il y a autre chose  je pense ! fit la femme du Notaire.

-Ah ! Et quoi donc rétorqua l’hôte ?

-Vous allez rire.

-Quoi donc ?

-Et bien il paraît qu’elle est hantée.

L’hôtesse éclata de rire.

-Il y a encore des gens qui croient à cela à l’époque d’internet et de l’intelligence artificielle ?

-C’est assez fréquent dans la région fit le Notaire sur le ton de celui qui est né ici et en est la mémoire.

-Oui je confirme fit l’expert-comptable. Je me souviens il y a quelques années d’une maison  à la sortie de la ville de B où des manifestations curieuses se produisaient. Rires, bruits de meubles déplacés, bruits de pas au grenier, bref des phénomènes avérés et retranscrits en détail dans des procès-verbaux de gendarmerie. Et les propriétaires, des clients à moi, étaient des gens dignes de foi, sérieux, équilibrés. La maison a finalement été vendue à un promoteur qui l’a démolie pour faire construire un petit immeuble d’habitation.

Et chacun des convives de se mettre à raconter son histoire de maison hantée. Aucun d’entre eux n’avait été le témoin direct de tels phénomènes mais tous en avaient entendu parler voir même recueilli des confidences ayant trait à des demeures où se manifestaient des fantômes, poltergeist ou autres êtres venu d’un autre monde. Seul Romain restait taciturne comme à l’accoutumée. L’hôte se tourna vers lui.

-Et toi Romain ? As-tu vécu des expériences surnaturelles ? As-tu été en contact avec l’au-delà ?

L’hôtesse regarda son mari avec un œil critique. Romain était tragiquement devenu veuf il y a cinq ans. L’avion de son épouse qui revenait d’un voyage d’affaire au Brésil avait disparu au-dessus de l’Atlantique. Ni l’épave de l’appareil ni les corps n’avaient été retrouvés. Le couple était très uni et Romain avait été très affecté par cette disparition. L’allusion à l’au-delà était de nature à remuer la tristesse de ce dernier. C’était une gaffe ! Mais Romain, sortant de son silence n’eut pas l’air atteint par l’allusion aux disparus. 

-Moi personnellement ? Non. Jamais ! Même si …Romain eut l’air ému quelques minutes. Puis il se reprit.  « Mais je connais quelqu’un dont j’ai  été très proche qui m’a parlé de son expérience personnelle dans ce domaine. Il ne s’agit pas là d’une histoire de fantômes comme celles que vous avez évoquées. Mais elle mérite d’être connue. »

L’hôte ravi, sentit que la soirée allait être « relancée »  grâce à l’histoire que Romain s’apprêtait à raconter. Et il passait pour un excellent conteur.

« J’avais un ami d’enfance, Jean Jacques A. Jean Jacque était devenu un brillant avocat pénaliste dont les qualités de juriste étaient réputées. Il avait une faculté d’analyse qui le rendait très efficace pour défendre l’indéfendable dans des dossiers difficiles. Il était reconnu comme l’un des meilleurs pénalistes de sa générations mais n’avait pas ce côté homme public qui aime se mettre en scène dont font preuve certains de ses confrères. C’était un être plutôt réservé ce qui ne l’empêchait pas de se rendre redoutable quand il décortiquait froidement un dossier avec des arguments incontestables. Jean Jacques était divorcé depuis vingt ans et ne s’était jamais remarié. Il n’avait pas non plus d’enfants. L’amour de sa science et le temps qu’il lui consacrait l’avait rendu invivable pour sa femme et il avait compris que sa vie telle qu’il la concevait  était incompatible avec la qualité d’époux et de père. Jean Jacques avait une grande passion, c’était les livres. Un peu bibliophile mais surtout grand lecteur, il consacrait à ce hobby plusieurs heures chaque jour et des nuits entières. Cela nous rapprochait car au-delà de l’amitié que nous avions nouée sur les bancs du lycée, nous avions très vite découvert que la lecture constituait pour lui comme pour moi une partie de notre vie. Certains d’entre vous l’ont peut être connu ou rencontré et savent qu’il était, il n’est hélas plus de ce monde aujourd’hui, un homme équilibré et profondément censé.

Mon ami était bien entendu très cultivé. On ne sort pas indemne de la lecture de plusieurs ouvrages par semaine depuis l’enfance. Sa culture était beaucoup plus étendue que la mienne. Elle touchait tous les thèmes, les sujets les plus inattendus pour un homme de son statut, sa curiosité était insatiable. Il lisait tout. Les grands ouvrages de la littérature du monde bien entendu mais également des livres de philosophie, d’histoire, des essais politiques, économiques, des biographies des ouvrages scientifiques, de haut niveau pour certains, des romans policiers, de mauvais romans totalement oubliés, des journaux de toute obédience bref j’arrête là car je risque d’oublier une catégorie. Mes lectures sont beaucoup plus classiques si je peux employer ce mot. Il y a des rivages que je n’aborde pas, par goût ou par choix, des œuvres, des textes que je méprise, à tort car il y a toujours quelque chose à prendre dans un livre même le plus mauvais. Jean Jacques me surprenait par sa culture, par sa connaissance de l’humanité et du monde. Il pensait que l’écrit était le vecteur le plus sûr pour transmettre le savoir, la pensée, le fantasme et le mystère de l’humanité et que s’y plonger permettait d’approcher la sagesse. Il écrivait un peu car comme il disait les lecteurs ne peuvent rester éternellement voyeur. Un jour ou l’autre, ils ont envie d’imiter leurs maîtres. Mais il n’avait rien publié de notable. Il travaillait sur des Mémoires au bout desquels il prétendait qu’il n’irait jamais.

Dès qu’il le pouvait, Jean Jacques quittait la grande ville pour aller dans ce qu’il appelait son refuge. C’était un ancien relai de chasse dans le Morvan construit au cours du XVIII° siècle et fortement remanié au XIX°. Une grande bâtisse blanche, avec une rotonde à l’entrée, un bel escalier, le tout un peu pompeux et surtout bien trop grand pour un homme seul. De grandes pièces hautes de plafond aux larges fenêtres donnant sur un pac qu’il entretenait juste ce qu’il fallait pour éviter que son refuge déjà loin de tout ne finisse enseveli sous une jungle impénétrable. Il avait arrangé la demeure à sa main et y avait fait les travaux nécessaires pour la rendre plus que confortable. Jean Jacques s’y sentait bien. Il aimait errer dans ces grandes pièces aujourd’hui silencieuses où l’on pouvait imaginer que tant d’autres l’avaient précédé et où plusieurs époques avaient laissé leurs odeurs, la solitude de mon ami (il y recevait peu) accentuant sa sensibilité à en humer le parfum. Voilà bien une maison qui aurait pu être hantée ! Mais quand je demandais à Jean Jacques sur le ton de la plaisanterie si dans sa demeure il y avait des fantômes ile me répondait : « Mais non…hélas ! Je n’en ai encore jamais vu ».

La pièce la plus notable de la maison était bien entendu la bibliothèque. Jean Jacques n’avait pas lésiné sur la restauration et l’aménagement de cette grande pièce haute de plafond au premier étage de la maison qu’il avait adapté à ses goûts et ses besoins d’homme du XXI° siècle. Je dois reconnaître qu’il en avait fait ce que l’on pourrait appeler une œuvre d’art. Les rayonnages en beau bois foncé s’élevaient jusqu’au plafond. Une coursive permettait de flâner dans les étages supérieurs et le lecteur pouvait s’il le souhaitait s’assoir dans l’un des confortables fauteuils installés dans une mezzanine installée dans l’un des angles de la pièce. La grande table de travail en chêne massif s’étendait face à l’une des fenêtres ce qui permettait lorsqu’on levait la tête de laisser son esprit vagabonder dans une nature peuplées d’arbres de buissons et de pelouses.

Mon ami était certes un peu bibliophile mais surtout lecteur. Il possédait bien entendu des ouvrages merveilleusement reliés, des éditions limitées, originales, des livres signés, des livres anciens, une très belle collection d’autographes, mais sa bibliothèque comprenait également pour les besoins du lecteur qu’il était des livres de tout type sur des sujets infinis. Il y avait là une grande partie de la littérature mondiale parfois en langue originale, des livres d’histoire, de géographie, de la philosophie, du droit, des livres d’art, des livres religieux, des journaux reliés et j’en oublie certainement. Cette bibliothèque permettait à son visiteur d’aborder tous les sujets qui intéressaient la pensée humaine. Pour trouver un ouvrage, Jean Jacques était étonnant. Il paraissait connaître non seulement chacun des centaines de livres et de documents qu’il possédait mais également la place de chacun d’entre eux et il ne lui fallait que quelques minutes pour aller à l’endroit où il trouverait ce qu’il cherchait. Point besoin pour lui de consulter sur l’écran de son ordinateur, le logiciel dans lequel il avait répertorié le nom et la place de chaque ouvrage. Il avait amoureusement classé sa bibliothèque selon ses propres règles, son propre goût et sa mémoire était plus efficace que l’informatique.

 

Jean Jacques me racontait que lorsqu’au cours de la nuit il était pris d’insomnie il aimait errer dans la bibliothèque pour y picorer des bouquins, au hasard de ses pérégrinations ou attiré par une reliure particulière ou un titre qui éveillait soudain son attention. Il prenait ainsi un livre, le feuilletait, en lisait une page ou plus puis le remettait à sa place et poursuivait son errance littéraire qui pouvait durer plusieurs heures et se terminer au petit matin. Il aimait ces plaisirs nocturnes, le silence qui régnait dans la grande pièce, l’atmosphère mystérieuse produite par une lumière en clair-obscur, les rayonnages seuls étant éclairés. Au cours d’un déjeuner qui eut lieu quelques mois avant sa disparition Jean Jacques me relata une histoire étrange. Je vais essayer de reprendre ses mots exacts pour vous rapporter ce qu’il m’a raconté.

 

« J’étais allé passer quelques jours dans le Morvan pour me concentrer sur un dossier un peu difficile. Cette nuit-là je me suis réveillé comme souvent vers trois heures du matin. Sachant que j’allais mettre du temps à me rendormir, je me suis levé, ai revêtu une robe de chambre et après être monté à l’étage par le grand escalier j’ai pénétré dans la bibliothèque avec l’intention d’y flâner le temps nécessaire pour retrouver le sommeil. Comme chaque fois que je rentrais dans cette pièce, je retrouvais un sentiment de bien-être que me procuraient la disposition des lieux mais aussi les souvenirs des heures de lecture que j’y avais passées. Comme à l’accoutumée, je pris un livre dans l’une des sections, j’en lu quelques pages puis en saisis un autre auquel le premier me renvoyait directement ou par association d’idées. Je sentis soudain que ma tête se mettait à tourner et cette sensation s’accentuait au fur et à mesure que je progressais dans mes lectures. Et peut-être  était-ce la conséquence de ce mal de tête, il me semblait également que la lumière de la pièce diminuait très doucement comme cela se faisait autrefois dans les cinémas comme pour faire languir le spectateur qui savait que le film ne commencerait que lorsque la salle serait dans l’obscurité complète. Puis j’eus une sensation curieuse que je ne saurais décrire. L’impression intime que j’entrais lentement en communication avec les centaines d’ouvrages qui étaient dans les rayonnages qui m’entouraient. Mon esprit s’emplissait de leur contenu. C’était la pensée, les fantasmes, les connaissances, toute l’humanité en quelque sorte exprimés dans ces livres et il y en a beaucoup dans ma bibliothèque, que je sentais pénétrer mon esprit, telle une clé USB ponctionnant les données d’un disque dur d’ordinateur. Il me semblait que petit à petit j’avais une vue plus clairvoyante du monde une compréhension du tout, que ceux qui avaient écrit ces ouvrages me transmettaient. Ce sentiment était agréable et je ressentais une certaine sérénité m’envahir, celle que me donnait cette clairvoyance nouvelle que les livres m’avait transmises.

 

Cette sensation ne dura pas. La lumière de la pièce devenue très faible se mit  alors à clignoter légèrement. Puis il me sembla entendre des chuchotements. Plusieurs voix paraissaient s’exprimer. Très doucement d’abord. Puis certaines devinrent audibles. Je me rappelle celle d’un homme plutôt jeune, un peux précieuse, murmurant : « Longtemps je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire « je m’endors.» Puis une autre voix plus ferme couvrit la première. « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. » Puis encore une autre, la voix d’un homme encore mais dont le ton grave me semblait d’un autre siècle : « Ami, sois homme. Les femmes pleurent les morts, les hommes les vengent ». Et ce fut aussi une voix d’homme qui semblait lire un texte biblique : « Quand Zarathoustra fut âgé de trente ans, il quitta son pays, et de son pays le lac, et dans la montagne s’en fut. Là jouit de son esprit et de sa solitude. ». D’autres voix se superposaient les unes aux autres, ce fut une cacophonie de paroles qui paraissaient émaner de tous les rayonnages, de tous côtés de l’immense pièce, prononcées de plus en plus fort et qui finirent par me faire mal aux tympans puis à la tête. Tout se mit à tourner. J’avais l’impression que mon crâne allait exploser. Je crois que je perdis connaissance quelques instants, plusieurs minutes, peut-être plus. Quand je repris conscience, j’étais allongé à côté de ma table de travail à laquelle j’avais probablement essayé de m’arrimer pendant la tempête. Et tu ne me croiras peut être pas mais plusieurs livres gisaient au milieu de la pièce. C’était comme s’ils avaient jailli des rayonnages, projetés pas une force invisible. Il ne semblait exister aucune explication à l’atmosphère de folie qui avait régné dans ma bibliothèque cette nuit-là »

 

Je n’avais aucune raison de ne pas croire ce que m’avait raconté mon ami que je connaissais depuis de très nombreuses années comme un homme sensé à la pensée rationnelle. Mais ce qu’il avait vécu ne l’était pas La suite de cette histoire est tragique. Quelques moi après que Jean Jacques m’ait conté cette expérience, je reçus un matin un appel téléphonique de la Gendarmerie de L. qui était la ville proche du manoir de mon ami. Un Gendarme m’annonça un peu brutalement et maladroitement sa mort et souhaita me voir le plus rapidement possible. Jean Jacque n’avait pas de famille proche et peu d’amis. Le lendemain dans un bureau de Gendarmerie j’appris que mon camarade avait été retrouvé mort un matin dans sa bibliothèque par sa femme de ménage. Ce qui était troublant était que la pièce se trouvait dans un état de désordre innommable. Le sol était couvert de livres, certains ouverts, abimés. Des rayonnages entiers avaient ainsi été vidés. Si un malaise pouvait expliquer le décès de Jean Jacques, l’état de la pièce prouvait que quelqu’un l’avait volontairement saccagée. Une enquête fut ouverte et une autopsie ordonnée par le procureur local. Je dus aller reconnaître le corps de mon ami que l’on me montra dans un tiroir comme dans les films policiers. Moment terrible  et inoubliable pour ceux qui l’ont vécu ! La mort et le froid artificiel qui régnaient dans le caisson avait enlevé tout aspect humain à son visage. Mais il avait tout de même l’air paisible. Qu’avait-il vécu ?

 

L’autopsie conclut à un malaise cardiaque. Aucun signe de violence ne fut relevé. Quelques petits malfrats locaux furent interrogés. Mais tous avaient un alibi. Et il n’y avait pas eu de vol. La pièce avait été abimée, de nombreux ouvrage jetés à terre, mais aucun ne manquait. Comme souvent pour des faits de ce type le dossier fut fermé sans suite.

 

 

Pierre-Marie Lecoeur

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S
Merci pour le partage, au plaisir de vous voir sur mon blog. https://samuel-jouet.blogspot.com/
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F
Bonjour et Merci pour votre visite.