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Août 2015-Check-Point. Jean-Christophe Rufin

Rédigé par François ROUX

De Jean-Christophe Rufin, j’avais lu Rouge Brésil qui avait obtenu le prix Goncourt en 2001. J’y avais apprécié la qualité de conteur de l’auteur et sa connaissance du sujet traité à savoir dans ce roman l’installation de colonies françaises au Brésil au milieu du XVI° siècle . Je n’ai pas été déçu par Check-Point. Le récit est captivant et le milieu de l’humanitaire dans lequel évoluent les personnages du livre est certainement très réaliste car Rufin a longtemps été médecin dans une ONG.

Deux camions de nourriture, de médicaments et de vêtements, affrêtés par l’organisation humanitaire lyonnaise « La Tête d’Or » quitte la capitale des Gaules pour se rendre en Bosnie. L’expédition est dirigée par Lionel accompagné d’une jeune fille idéaliste, Maud, de Vauthier un gros homme un peu rustre qui se révèlera être une barbouze et de deux anciens militaires, Marc et Alex. Tous sont des bénévoles qui accomplissent cette mission par idéal. Mais cela n’est pas si simple. Les camions ne contiennent pas que des vivres et des médicaments. Marc et Alex sont certes idéalistes mais ont une conception très particulière de l’idéal humanitaire. Ils ont dissimulé dans le camion des explosifs destinés à des amis bosniaques encerclés par des Serbes.

Les personnages du convoi sont très vivants aussi différents les uns des autres et l’auteur sait nous montrer leurs sentiments leurs ressorts intimes, ceux qui les font agir dans une histoire captivante. Lionel est peut être le seul véritable humanitaire du groupe. Petit emplyé sans avenir dans le civil, il est resté petit employé dans une ONG ce qui lui permet d’avoir bonne conscience. Personnage falot, peu sur celui, l’esprit rempli d’idées préconçues, de clichés sur tous ceux qui ne sont pas de son monde. C’était aussi le cas de Maud qui au début ressemble à Lionel. Mais elle va être transformée par l’amour (et par le sexe qui va avec) et par la prise de conscience des réalités du monde. Gauthier est un flic fourbe et cynique. Peut être que l’auteur aurait du nous en dire plus sur ce qui le fait agir, sur ses motivations personnelles. Il a au contraire pris le parti d’en faire un être antipathique. C’est un peu court. Alex et Marc ont chacun leur personnalité propre et leur histoire. Ce sont des hommes de terrain ce que ne sont ni Lionel ni Maud.

Le roman fait bien ressortir les limites de l’humanitaire. Il nous rappelle que derrière les situations dramatiques que les ONG veulent traiter il y a des situations politiques qu’il faut aussi prendre en compte. Il est naïf de n’aborder un conflit que sous l’angle du secours au victime. Par ailleurs, l’humanitaire aura peut être souvent la tentation d’agir, de prendre parti, d’aller au delà de sa seule mission qui n’est que de secourir. Le véritable remède ne serait il pas d’entrer dans le conflit et de choisir son camp ce que feront certaine personnages du roman. Cela me rappelle ce qu’expliquait Patrick Chauvel dans son beau roman Sky à propos des reporters de guerre: dans certaines circonstances le photographe a envie de poser son appareil et de prendre un fusil.

Renvoi: Sky par Patrick Chauvel

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