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L'Anarque. Mes notes de lecture.

L'Anarque

Février 2016-Le Héros Discret-Mario Vargas Llosa.

Février 2016-Le Héros Discret-Mario Vargas Llosa.

On s’ennuie rarement avec Mario Vargas Llosa qui écrit cette littérature latino américaine que l’on aime, celle de Luis Sepulveda, de Garcia Marquez et de tant d’autres qui met en scène des personnages pittoresques dans des lieux exotiques, sur un ton d’humour parfois cynique mais si savoureux. Dans le Héros Discret l’auteur connait par ailleurs très bien son sujet puisque l’intrigue se déroule dan son Pérou natal. Il raconte deux histoires parallèles qui finissent par se rejoindre, mais cela on s’y attend depuis les premières lignes du roman.

Felicito Yanaque est un personnage attachant. Patron d’une entreprise de transports qu’il a crée à force de travail et de volonté à Piura, ville du nord du Pérou, il fait l’objet d’une tentative de racket à laquelle il fait face courageusement malgré l’enlèvement de sa maîtresse la jolie Mabel.

L’autre histoire est celle d’Ismael Carrera, riche veuf, propriétaire d’une compagnie d’assurance à Lima. Il épouse Armida une très jeune domestique de sa maison afin de déshériter ses deux fils indignes. Don Rigoberto son bras droit va relier les deux affaires et régler habilement celles de son patron et ami.

Le thème que traite principalement le roman est celui de la filiation sous toutes ses formes, légitime,naturelle ou adoptive et principalement les rapports père fils, sujet que l’on imagine très important dan une société latino américaine encore très machiste où la famille constitue toujours probablement beaucoup plus qu’en Europe l’une des cellules principales de la société. L’histoire donne trois exemples du binôme constitué par le père et son fils. Il y a tout d’abord les fils voyous, enfants gâtés qui n’attendent que la mort du père pour hériter. Miki et Escobita les fils d’Ismael Carrera sont, deux petites frappes, dont la bêtise et la veulerie cumulées les rendent insupportables à leur père qui ne songe qu’à les déshériter. Les fils de Felicito Yanaque, Miguel et Tiburcio ne sont que demi frères puisque le premier a été reconnu comme son fils par Felicito qui n’est pourtant pas son vrai père. Miguel, le batard participera à une tentative de racket contre son père adoptif et ira jusqu’à enlever la maîtresse de ce dernier pour le faire céder. Tiburcio le fils légitime est un brave garçon un peu falot qui n’a pas les qualités d’entrepreneur courageux de son père mais qui reste tout de même un bon fils. Pour contrebalancer cette approche négative et un peu cynique de la filiation, le roman met en scène les relations du jeune adolescent, Fonfon, avec son père don Rigoberto qui s’efforce avec inquiétude et amour de comprendre son fils et d’expliquer ses visions dont on ne saura jamais si elles sont le résultat d’hallucinations pathologiques ou si le garçon rencontre vraiment le diable. La famille, les fils, les visons, tout cela sent bon l’amérique latine et sa littérature.

L’autre thème traité par Vargas Llosa dans ce roman est celui des relations des hommes vieillissant avec les femmes. Il y a peut être (probablement) là un aspect autobiographique qui donne au récit un caractère documentaire et le fait sonner plus vrai. Mabel est une semi professionnelle totalement entretenue par Felicito Yanaque qui sait parfaitment à qui il a affaire mais qui l’aime sincèrement. Beaucoup plus sulfureuse est la relation entre Ismael Carrera octogénaire et sa domestique la très jeune Armida qui n’a pas trente ans et que le vieil homme d’affaire octogénaire va épouser pour déshériter ses deux fils. La jeune femme sera promue au rôle d’épouse et saura lui faire retrouver des plaisirs charnels qu’il aurait oublié sans elle. Curieuses relations qui naîtront entre ces deux là mais qui inclura pour des raisons différentes pour chacun, de l’amour. Le vieil homme n’aura pas le loisir de profiter très longtemps de sa nouvelle vie car il mourra rapidement, mort peut être provoquée par les émotions que la jeune Armida lui aura données. Le troisième exemple est celui de don Rigoberto et de Lucretia, couple beaucoup plus classique mais fusionnel dont l’équilibre s’explique peut être par la maturité de ses membres.

Mais c’est peut être le choix des personnages du récit et leur incroyable originalité que l’on ne peut rencontrer qu’au Pérou qui rend le roman si savoureux. Il y a la sympathique mulâtresse, voyante et amie de Felicito, Adelaïda. Les deux policiers de Piura: le sergent Lituma et ses états d’âme et son chef le capitaine Silva excellent enquêteur et fin connaisseur de la nature humaine sur laquelle il ne se fait probablement plus aucune illusion. Sans oublier (où l’auteur est il allé le chercher?) le chinois Lao, maître en Qui Gong, qui enseignera son art à Felicito Yanaque, émigré au Pérou on ne sait pas très bien pourquoi ni comment mais dont la vie aura toujours été difficile pour lui et qui finira tristement.

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