Mars 2015. La Fuite de Monsieur Monde-Georges Simenon.

Monsieur Monde a tout ce qu’il faut pour être heureux : famille, argent, travail. Mais un jour il disparaît. Très vite le récit se concentre sur lui. Il a décidé de fuir on ne sait pas très bien quoi pour voir la vie, la vraie, celle qu’il ne connait pas. Il veut pouvoir porter des costumes médiocres, manger dans des gargotes, rencontrer des gens hors normes, hors de ses normes à lui et même avoir des problèmes d’argent. Il prend le train pour Marseille et l’aventure commence. Il rencontre Julie femme de petite vertu qu’il sauve du suicide et avec laquelle il aura une courte aventure. Il accepte d’accomplir des tâches administratives au Monico, un bar à Hôtesses qui jouxte un casino tenue par le milieu local. Il semble apprécier ce dépaysement qui lui fait rencontrer un monde si nouveau pour lui, un ou des univers qu’il ne connaissait pas, une vie si différente de celle qu’il menait et qui lui paraissait si monotone, peut être insupportable ? Finalement il rentre chez lui pour reprendre son existence d’avant sa fuite. Il semble qu’il ait compris qu’il n’y a pas de but ni de fin dans sa quête.

Ce n’est pas la première fois que Simenon utilise le thème de la fuite de l’homme rangé (L’Homme Qui Regardait Passer les Trains-Lettre à Mon Juge), ou également le thème d’un changement de vie brutal (Le Train). Dans d’autres romans il aborde aussi le thème assez proche du « passage de la ligne » c’est à dire de la sortie des normes ou plus vulgairement du « pétage de plomb » (L’Horloger d’Everton). Ces tentations existent fréquemment chez les hommes, elles les fascinent mais ne restent souvent que des fantasmes. Mises en oeuvre elles peuvent être qualifiées de folie par la société. Que signifie la reprise fréquente de ces questions par l’auteur ? Qu’il a lui même ressenti le frisson que procure l’idée de tout quitter ou de changer soudainement de vie, de repaires ? Ce qu’il a peut être fait au cours d’une vie sentimentale mouvementée.