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L'Anarque. Mes notes de lecture.

L'Anarque

Janvier 2015- The Heart of the Matter. Graham Greene

Je reviens vers cet auteur que je n’avais pas lu ou relu depuis très longtemps et dont j’avais apprécié quelques romans (notamment Brighton Rock. The Power and the Glory).

L’histoire se déroule à Freetown, la capitale du Sierra Leone en Afrique de l’ouest pendant la deuxième guerre mondiale, encore colonie de l’empire britannique. Le major Henry Scobie y est policier, en poste depuis longtemps. Il est marié à Louise, très malheureuse dans cet environnement et qui voudrait bien le quitter, contrairement à son mari qui connait bien le terrain et probablement aime ce pays. Louis arrive à convaincre Scobie qu’elle doit partir se reposer en Afrique du Sud et il peut en s’endettant lui offrir une place de bateau pour cette destination. Le fait il par amour où par envie d’être seul ? Louise partie, Henry commence une liaison avec Helen, une jeune anglaise rescapée d’un bâteau torpillé par un sous-marin allemand. Catholique pratiquant, Scobie supporte mal l’idée de vivre dans le péché en ayant une liaison. Son malaise s’accroit lorsqu’Helen anticipe son retour par amour de son époux. Il finit par se suicider en absorbant des médicaments.

L’atmosphère du récit est étouffante. Le lieu d’abord : Freetown où Greene a séjourné quelques temps alors qu’il travaillait pour les service secrets britanniques. Le climat y est très dur : chaleurs insupportables et pluies diluviennes. Pauvreté de la population locale avec laquelle l’anglais colonial communique mal ou pas du tout à cause d’une incompréhension mutuelle et peut être un certain mépris réciproque. Les seules relations entre les anglais et les indigènes dans le livre sont celles qu’entretiennent ces derniers avec leurs boys. Quand Ali est assassiné probablement par la faute de son maître, Scobie reconnaît toutefois, c’est un homme foncièrement bon, qu’il l’aimait. Il y a aussi la scène où Wilson va au bordel et où entouré de locaux, les prostituées et l’imposante sous-maîtresse, il s’enfuit épouvanté. Encore une occasion manquée de se rapprocher ne fut ce que sexuellement...

Etouffante également est la position de Scobie qui fait l’objet d’un chantage de la par de Yusef,homme d’affaire Syrien véreux qui détient l’une de ses lettres à Helen. Position aussi et surtout intenable sur le plan métaphysique pour ce catholique pratiquant rigoureux, en état de péché mortel en raison de sa liaison avec Helen. Les dialogues avec Dieu et avec lui-même traduisent son désaroi. Il va se suicider sachant qu’il est voué à la damnation éternelle à laquelle il croit. Louise qui on le saura à la fin du livre est au courant de la liaison de son mari, provoque et accentue son malaise en le poussant à communier alors qu’il est en situation de péché mortel. Louise n’est pas sympathique. Elle est manipulatrice, égoïste et futile. Le roman aborde ainsi la question du couple vieillissant alors que l’amour s’émousse. Scobie ressent pour Louise plus de pitié que d’amour. Rien n’est pire que la pitié écrit Greene.

A noter également l’ambiguïté du personnage de Yusef, homme d’affaire Syrien, trafiquant de diamants et d’autres produits interdits qui fait assassiner Ali sans remord, mais qui recherche désespérément l’amitié de Scobie. Est ce pour approcher ce qu’il soupçonne être le bien en la personne d’un homme bon ?

Le roman aborde des questions qui sont importantes pour Greene: la religion, notamment le catholicisme auquel il s’est converti, la culpabilité, le bien et le mal et bein entendu les terres lointaines, thèmes que l’on retrouve dans d’autres oeuvres de l’auteur.

La description de l’Afrique et de la vie qu’y mènent les blancs sonne vrai et traduit l’expérience vécue.

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